Un nouveau contrat à terme sur le blé en mer Noire, adossé à un indice Argus Media

Le 28 août à Paris, Argus Media France (ex-Agritel) a présenté le nouveau contrat à terme sur le blé de la mer Noire lancé par la Bourse américaine CME Group et adossé aux références de prix d’Argus Media.

« Il y a vingt ans, la mer Noire représentait 10 Mt d’exportations annuelles de blé, maintenant on tourne entre 70 et 80 Mt », rappelle Sébastien Poncelet, directeur du développement du cabinet de conseil. Avec 40 % des parts de marché du commerce mondial, la Russie, l’Ukraine, la Roumanie et la Bulgarie forment désormais la première zone d’exportation de blé au monde.

Une position qui justifie, selon lui, la création d’outils financiers adaptés pour aider les acteurs de la production et du commerce locaux à mieux gérer la forte volatilité des prix : « Quand la volatilité des prix est simplement gérée sur des marchés physiques, on trouve notamment des limites de liquidités et on a besoin des marchés à terme », comme ceux de Chicago et d’Euronext.

Depuis 2022 et la guerre russo-ukrainienne, la région ne disposait plus d’un contrat à terme de référence. Plutôt que Rostov et Novorossiisk pour la Russie ou Odessa pour l’Ukraine, trop instables, CME est reparti sur de nouvelles bases avec une référence de prix du blé centrée sur les ports de Constanta (Roumanie), Varna et Bourgas (Bulgarie), d’où le nom « CVB ».

« Pour avoir de la confiance de la part de tous les opérateurs, il fallait une référence indiscutable », d’où le choix de se tourner vers « ce petit îlot de stabilité, ce petit bout d’Union européenne donnant sur la mer Noire », explique Sébastien Poncelet.

En plus de sa stabilité géopolitique relative, « le blé CVB est une origine qui monte » : la Roumanie et la Bulgarie devraient produire près de 20 Mt de blé en 2025 contre à peine 12 Mt il y a dix ans, elles représentent aujourd’hui 20 % des exportations de la mer Noire et la moitié de celles de l’UE.

Le contrat s’appuie sur l’indice Argus 12,5 % Romania-Bulgaria CVB FOB, publié depuis 2022. Reposant sur des discussions quotidiennes avec « un large panel d’acheteurs, de vendeurs et d’intermédiaires dans ce marché », ce benchmark indépendant constitue « un très bon proxy pour le blé russe », dont il suit étroitement l’évolution.

Particularité : le règlement se fait en « cash settlement », en « forçant la convergence entre le marché physique (cash) et le cours de règlement à échéance (settlement) », et sans livraison physique. « Cela supprime les contraintes logistiques liées à la livraison (trouver des silos, gérer des blocages de transport, etc.), les risques qualitatifs, et facilite les entrées et les sorties de positions », détaille l’analyste.

D’un volume unitaire de 50 tonnes métriques, les contrats sont réglés en espèces, libellés en dollars par tonne sur la base de la moyenne du prix Argus CVB des quinze premiers jours du mois d’échéance, et alignés sur les mêmes échéances que le marché de Chicago.

Au-delà des opérateurs de la région mer Noire, cet outil peut intéresser les opérateurs européens et français dans la mesure où « il offre à tous les acteurs de la filière une lecture transparente des prix futurs de la mer Noire, notre première zone de concurrence à l’export de blé », souligne Gautier Le Molgat, directeur général d’Argus Media France.

Le contrat a été lancé le 2 juin 2025 et « le démarrage est prometteur », reprend Sébastien Poncelet : 3 460 lots avaient été échangés fin août, soit l’équivalent de 173 000 t.